Sécurité à La Garde : derrière les chiffres, des réalités humaines

La sécurité est un sujet central pour les habitants de La Garde. Une nouvelle fois, la majorité municipale publie des chiffres de délinquance sans en indiquer ni l’origine ni la méthode de calcul. Sans source, sans détail, ces annonces relèvent davantage de la communication que de la transparence. En tant qu’élus, il est de notre devoir de rétablir une vision complète, objective et responsable de la situation.

Des chiffres qui varient… et des conclusions hâtives

Dans l’Hebdo municipal n°1809, la majorité évoquait une baisse de 24 % de la délinquance de proximité et de 7 % de la délinquance générale sur les dix premiers mois de l’année. Quelques semaines plus tard, dans l’Hebdo n°1825, ces mêmes indicateurs deviennent 20,74 % et 6,34 %, sans explication.

Comment peut-on juger de l’efficacité d’une politique publique avec des chiffres aussi variables, partiels et peu documentés ?

Se baser sur dix mois pour tirer des conclusions définitives est une erreur méthodologique majeure. Les variations saisonnières ou conjoncturelles peuvent fortement influencer ces résultats. Une analyse sérieuse exige une lecture sur plusieurs années.

Que disent les chiffres sur 8 ans ?

Nous avons travaillé à partir des données officielles du ministère de l’Intérieur, disponibles pour tous (Délinquance enregistrée, en lieu de commission).

 Entre 2016 et 2024, les faits de délinquance enregistrés à La Garde sont globalement stables :

  • 1301 faits en 2016
  • 1308 faits en 2024

Mais cette stabilité globale cache des tendances de fond bien plus contrastées :

Violences physiques : une hausse continue

  • Coups et blessures volontaires : de 91 à 144 → +58 %
  • Violences intrafamiliales : de 41 à 68 → +66 %
  • Violences hors cadre familial : de 50 à 76 → +52 %
  • Vols violents sans arme : de 34 à 13 → baisse, mais encore 16 cas en 2023

Ces chiffres révèlent une augmentation constante des violences, notamment dans le cadre familial. Les statistiques ne suffisent pas : elles doivent conduire à une action politique concrète, humaine et cohérente.

Vols sans violence sur des personnes : encore trop élevés

  • 254 faits en 2016, 236 en 2024, avec un pic à 269 en 2023

Ces vols, souvent dans l’espace public, touchent des publics vulnérables : femmes, jeunes, personnes âgées. Ils alimentent fortement le sentiment d’insécurité.

Destructions et dégradations : un mal persistant

  • De 272 en 2016 à 227 en 2024, avec un pic à 259 en 2023

Ces actes, qui détériorent les écoles, les abribus, les véhicules, pèsent sur la qualité de vie et l’image de certains quartiers.

Autres tendances inquiétantes

  • Escroqueries et fraudes : de 97 à 195 → +100 %

Ce sont souvent des infractions silencieuses mais destructrices, qui touchent particulièrement les publics les plus fragiles. Les personnes âgées, isolées ou peu à l’aise avec les outils numériques en sont très souvent les premières victimes.

  • Usage de stupéfiants : de 57 à 81 → +42 %

Des améliorations notables à saluer

  • Vols dans les véhicules : -55 %
  • Vols de véhicules : -56 %
  • Vols d’accessoires : -64 %
  • Cambriolages : en nette baisse depuis le pic de 166 faits en 2019, retombant à 108 en 2024. Cependant, ce chiffre reste supérieur à celui de 2016, où l’on comptabilisait 85 faits. Cette évolution rappelle qu’au-delà de la baisse conjoncturelle de ces dernières années, la tendance sur le long terme est à la hausse, et cela ne doit pas être ignoré.

Ces résultats doivent être reconnus, mais ne justifient pas à eux seuls un satisfecit global.

Ce que nous demandons : rigueur, clarté et respect des habitants

Oui, la baisse enregistrée en 2024 est une bonne nouvelle. Et nous saluons le travail des forces de l’ordre, des agents municipaux, des associations, et des professionnels du terrain.

Mais nous appelons à plus de sérieux dans les annonces :

  • Les chiffres doivent être sourcés, lisibles et contextualisés
  • L’analyse doit se faire sur plusieurs années, et non sur dix mois
  • Aucune statistique ne remplace l’expérience vécue : lorsqu’une personne est victime, la statistique devient pour elle une réalité absolue. Derrière chaque chiffre se cache une histoire, une souffrance, une atteinte à la dignité qu’aucun pourcentage ne saurait relativiser.

Ce que les habitants nous disent

Dans le sondage que nous avons mené, de nombreux Gardéens nous ont confié leur sentiment d’insécurité, en particulier :

  • Autour des écoles et des collèges
  • Dans les transports et parkings
  • En soirée, dans certains quartiers
  • Face aux incivilités et aux délits quotidiens

Ces témoignages ne doivent jamais être minimisés.

En conclusion, parce que la sécurité est un droit fondamental, nous ferons de la tranquillité publique une priorité concrète, avec un plan d’actions réaliste, adapté et humain. Oui, les indicateurs statistiques sont meilleurs, et c’est une bonne chose. Mais la sécurité ne se mesure pas seulement en pourcentages : elle se ressent, ou pas. Et lorsqu’elle manque, aucun chiffre ne suffit à rassurer.

À un an des élections, il ne s’agit pas pour nous d’empiler les promesses. Ce que nous défendons, ce sont des engagements clairs, des principes assumés, et une volonté profonde de construire une alternative crédible, avec les citoyens.

Nous croyons en une présence humaine renforcée dans l’espace public. En une action déterminée contre les violences intrafamiliales. En une écoute active et de proximité dans les quartiers où les tensions s’expriment. En une attention particulière pour les plus vulnérables, souvent les premières cibles des escroqueries ou de l’insécurité silencieuse. Nous croyons aussi à la nécessité d’une politique de prévention plus forte d’un vrai soutien aux victimes, pour leur permettre de se reconstruire dignement.

Notre approche de la sécurité est celle du quotidien : visible, respectueuse, partagée. Ni dogmatique, ni opportuniste. Sincère, rigoureuse, et toujours centrée sur les réalités locales.

Nous ne voulons pas faire parler les chiffres. Nous voulons faire parler la réalité.

Car derrière chaque statistique, il y a une histoire. Et lorsqu’une personne est victime, la statistique devient pour elle une vérité absolue, une douleur, une atteinte à sa dignité. C’est cette part-là, humaine, que nous mettons au cœur de notre projet : une ville où chacun se sente en sécurité, dans la rue comme chez soi, dans son quotidien comme dans son avenir.

Nombre de crimes et délits à La Garde
Évolution en pourcentage des crimes et délits à La Garde