Lettre ouverte Ă Mme la Maire de la ville de La Garde

Madame la Maire,
Mesdames et Messieurs les élus de la majorité,
Le Plan de La Garde, espace naturel essentiel pour notre commune et ses habitants, continue de souffrir dâun manque criant de gestion et de protection efficace. Alors que les problĂ©matiques de cabanisation, dâurbanisme illĂ©gal et de gestion environnementale requiĂšrent des mesures immĂ©diates et coordonnĂ©es, votre majoritĂ© persiste dans une stratĂ©gie dâinaction et de communication trompeuse.
Une gestion municipale qui fuit ses responsabilités
Depuis deux ans, ni vous, Madame la Maire, ni votre premier adjoint, Jean-Louis Masson, Ă©galement prĂ©sident du dĂ©partement, nâavez participĂ© aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales de lâassociation de dĂ©fense du Plan de La Garde. Ces rĂ©unions, essentielles pour Ă©changer avec les citoyens et rĂ©pondre Ă leurs prĂ©occupations, ont Ă©tĂ© marquĂ©es par votre absence.
Ă chaque occasion, vous dĂ©lĂ©guez Ă votre adjointe Ă lâenvironnement, qui reste silencieuse, ou Ă votre directeur de cabinet, laissĂ© seul en premiĂšre ligne. Malheureusement, ce dernier nâa pu fournir aucune rĂ©ponse concrĂšte face aux critiques des associations et des citoyens. Son discours confus et sa maĂźtrise approximative des enjeux ont soulignĂ©, une fois de plus, lâincapacitĂ© de votre Ă©quipe Ă gĂ©rer efficacement ces problĂ©matiques.
Comment peut-on prĂ©tendre dĂ©fendre ce territoire lorsque lâon Ă©vite systĂ©matiquement le dialogue ?
Des solutions concrĂštes face Ă une motion creuse
Lors du conseil municipal de mars 2024, votre majorité a fait voter une motion adressée au préfet, demandant des moyens supplémentaires pour lutter contre la cabanisation. Bien que nous ayons soutenu cette motion, nous avons également souligné son caractÚre insuffisant et sa faible ambition. Espérer que le préfet rÚgle seul ces problÚmes, alors que vous disposez déjà des outils nécessaires, montre un manque flagrant de volonté politique.
De notre cĂŽtĂ©, nous avons proposĂ© des solutions concrĂštes, Ă©prouvĂ©es dans dâautres communes, notamment :
- Lâadoption de la charte LUCCA, qui favorise une coordination efficace entre prĂ©fets, procureurs, forces de lâordre et collectivitĂ©s locales grĂące Ă des outils modernes comme les images satellites et une plateforme de signalement.
- La mise en Ćuvre immĂ©diate des astreintes administratives, prĂ©vues par la loi n° 2019-1461, pour sanctionner les infractions au PLU. Contrairement Ă vos affirmations, cette loi est pleinement applicable, comme lâont confirmĂ© le Conseil dâĂtat et plusieurs circulaires prĂ©fectorales.
- Une transparence totale sur lâutilisation des fonds GEMAPI, essentiels pour prĂ©venir les inondations, mais qui suscitent actuellement des interrogations croissantes quant Ă leur gestion. Rappelons que ce fond est financĂ© par les impĂŽts fonciers des GardĂ©ens.
Ces propositions, pourtant réalisables et éprouvées, restent ignorées par votre majorité, qui préfÚre se réfugier derriÚre des discours agressifs et des accusations infondées.
La Zone Agricole Protégée : un territoire détourné et irrémédiablement dégradé
La majoritĂ© des usages illĂ©gaux constatĂ©s sur le Plan de La Garde se concentrent en Zone Agricole ProtĂ©gĂ©e (ZAP). Ces terrains, initialement dĂ©diĂ©s Ă lâagriculture, sont aujourdâhui victimes de dĂ©tournements multiples : caravanes, mobil-homes, terrains de loisirs ou de stockage, hangars artisanaux, ou encore parkings Ă bateaux. Ces pratiques, souvent tolĂ©rĂ©es, dĂ©truisent irrĂ©mĂ©diablement la valeur agronomique de ces terres.
RemblayĂ©s avec des matĂ©riaux souvent illĂ©gaux â y compris des dĂ©chets du bĂątiment tels que lâamiante ou le plomb â, compactĂ©s et parfois bĂ©tonnĂ©s, ces terrains ne pourront plus jamais retrouver leur vocation agricole. Un maraĂźcher ne pourra plus envisager dây cultiver, car les sols sont stĂ©rilisĂ©s par ces pratiques illĂ©gales et les coĂ»ts de remise en Ă©tat sont prohibitifs.
Pire encore, les terres agricoles sont dĂ©tournĂ©es Ă des fins lucratives, avec des terrains de loisirs louĂ©s Ă des prix exorbitants, gĂ©nĂ©rant des revenus trois Ă quatre fois supĂ©rieurs Ă ce quâun agriculteur pourrait espĂ©rer en travaillant la terre. Cette Ă©conomie parallĂšle dĂ©truit le tissu agricole local et compromet lâavenir dâune agriculture de proximitĂ© sur notre commune. Pourquoi votre majoritĂ© continue-t-elle de fermer les yeux sur ces dĂ©rives alors quâil sâagit dâun enjeu Ă©cologique, Ă©conomique et Ă©thique majeur ?
Un mĂ©pris des faits pour masquer lâinaction
Dans un communiquĂ© rĂ©cent et dans lâHebdo de la ville, votre majoritĂ© nous accuse de propager des « contre-vĂ©ritĂ©s chroniques ». Pourtant, ce sont vos propres arguments qui ne rĂ©sistent pas Ă lâanalyse.
Vous revendiquez des « dizaines de procĂšs-verbaux » dressĂ©s contre des infractions au PLU, mais combien ont rĂ©ellement abouti Ă des dĂ©molitions ou Ă des sanctions effectives ? La rĂ©alitĂ© est simple : ces actions restent lettre morte. Vous proclamez Ă©galement avoir instaurĂ© un « PLU vert » et sanctuarisĂ© le Plan, mais ces mesures, loin dâĂȘtre le fruit de votre travail, datent des annĂ©es 1980, bien avant votre mandat.
Pendant ce temps, le Plan de La Garde se dĂ©grade et devient une zone de dĂ©versement des eaux de ruissellement, consĂ©quence directe de votre politique de bĂ©tonisation massive. Votre incapacitĂ© Ă mettre en Ćuvre des solutions concrĂštes illustre un mĂ©pris non seulement des faits, mais Ă©galement des outils lĂ©gaux Ă votre disposition.
Un désarroi croissant parmi les citoyens
Les habitants de La Garde, souvent en premiĂšre ligne face aux problĂšmes liĂ©s Ă la cabanisation et aux infractions urbanistiques, nous rapportent leur frustration face Ă lâabsence de rĂ©ponses de vos services municipaux. Ils soulignent des Ă©changes infructueux avec vos Ă©lus et des justifications juridiquement infondĂ©es qui nâapportent aucune solution concrĂšte. Ce silence persistant alimente le sentiment dâabandon et dâinjustice dans une situation oĂč des outils existent pourtant pour agir efficacement.
Une urgence écologique et démocratique
Le Plan de La Garde est bien plus quâun territoire : il reprĂ©sente lâavenir Ă©cologique de notre commune. Votre majoritĂ© a non seulement Ă©chouĂ© Ă le protĂ©ger, mais elle a aussi mĂ©prisĂ© les outils Ă sa disposition pour agir. Pendant ce temps, les constructions illĂ©gales se multiplient, et le sentiment dâimpunitĂ© grandit parmi les contrevenants.
Nous, Ă©lus du groupe Unis pour La Garde, rĂ©itĂ©rons notre engagement pour prĂ©server cet espace naturel. Il est temps de sortir de lâinaction et de mettre en Ćuvre des solutions concrĂštes pour protĂ©ger ce joyau. Nous continuerons Ă proposer des mesures ambitieuses et Ă mobiliser les citoyens pour exiger une gestion transparente et efficace.
Madame la Maire, il est encore temps dâagir. Les GardĂ©ens mĂ©ritent mieux quâune politique dâeffets dâannonce et dâexcuses infondĂ©es. Prenez vos responsabilitĂ©s pour que le Plan de La Garde soit enfin respectĂ© et protĂ©gĂ©.
Respectueusement,
Julia Peironet Brémond
ConseillĂšre municipale et porte-parole des Ă©lus du groupe Unis pour La Garde