11 novembre, le devoir de mémoire

« À travers son caractère partagé, et les mythes et symboles qu’elle offre au groupe, la mémoire collective contribue à renforcer la solidarité entre individus en nourrissant une identité commune. »

Olivier KLEIN, Laurent LICATA, « MÉMOIRE COLLECTIVE (psychologie sociale) », Encyclopædia Universalis

En nous réunissant tous les 11 novembre autour du monument aux morts nous ne rappelons pas à la mémoire de tous la signature de l’armistice et la fin des combats en 1918.

À présent, le 11 novembre appartient à la mémoire collective de notre nation. En 2015, dans un sondage réalisé par la société ELABE, 87% des français estimaient justifié de continuer à commémorer l’armistice du 11 novembre 1918. Un résultat particulièrement élevé si on tient compte du fait qu’aucun témoin de la Grande Guerre n’est encore en vie. Derrière ce nombre se manifeste l’assimilation inconsciente du fait historique dans le roman national. Pourtant, les discours creux et les cérémonies un peu désuètes font perdre peu à peu le sens de cette manifestation qui ne parvient pas à mobiliser plus d’une poignée de citoyens. À la lumière d’un présent amnésique, rarement capable de donner du sens, serions-nous en train de perdre ce lieu de mémoire et d’oublier que la France est avant tout une histoire collective ? Le désintérêt et l’oubli seraient-ils annonciateurs d’une future « guerre des France » ? Nous ne le voulons pas et il est de notre responsabilité de faire que la souffrance des familles endeuillées et le sacrifice des hommes morts sur les champs de batailles n’aient pas été inutiles. Rappelons-nous que s’ils ont été élevés au rang de héros ce n’est pas pour leurs valeurs guerrières, mais pour nous aider à nous souvenir que, dans le récit moderne de notre histoire commune, le 11 novembre célèbre en France et ailleurs dans le monde la tolérance et la paix.

Source de l’image : gallica.bnf.fr / Bibliothèque National de France – Verdun, cortège accompagnant vers la gare la bière du soldat inconnu.